Un sous marin pour l'Airbus

A situation extraordinaire,moyens extraordinaires…

À la demande du ministre de la Défense Hervé Morin, l’état-major de la Marine a ordonné hier au commandant du sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Émeraude d’interrompre la mission en cours pour mettre immédiatement le cap vers l’Atlantique Sud.

But de l’opération : utiliser les moyens d’écoute et de détection extrêmement sophistiqués du SNA pour tenter de capter les signaux émis sur la fréquence de 37,5 kilohertz par les deux émetteurs acoustiques dont sont équipées les "boîtes noires" de l’Airbus d’Air France. Un travail rendu cependant aléatoire par la profondeur de l’océan à l’endroit supposé de la catastrophe (entre3000et 4000 m), la profondeur d’immersion limitée du sous-marin (moins de 400m), le caractère extrêmement tourmenté des fonds (le service hydrographique de la Marine parle d’un relief "alpin"), la portée limitée des deux balises (environ 1500m) et celles des équipements du SNA dans cette configuration très particulière (environ 1500 à 2000m).

Le recours à un SNA se justifie pourtant pour au moins trois raisons : son insensibilité au mauvais temps (il n’y a pas de tempête sous l’eau), sa grande autonomie liée à la propulsion nucléaire et aux 60 jours de vivres embarquées dans ses soutes, mais aussi sa grande "complicité" avec les avions de patrouille maritime Bréguet Atlantique qui tentent de repérer des débris depuis les airs. Pour ce travail, leSNApourra compter sur son sonar à bande large DMUX20, son réseau de microphones passifs DSUV22et surtout sur l’expérience de ses 3 analystes, passés maîtres dans l’art de décoder et interpréter les bruits de la mer. Ceux que l’on surnomme "les oreilles d’or" vont être en effet très sollicités durant cette plongée peu ordinaire, tout comme les 67 autres membres de l’équipage de l’Émeraude qui connaissent la finalité de cette importante mission de service public ; la première jamais réalisée par un sous-marin nucléaire français.
L’Émeraude devrait arriver dans la zone des recherches "dans le courant de la semaine prochaine". En revanche, la Marine s’est refusée de préciser le jour et l’heure auxquels a été (ou sera) mis fin à la mission en cours ; histoire d’éviter que l’on puisse en déduire l’endroit où se trouvait le SNA avant son déroutement.

Source : La Provence 06 06 09