
Il reste deux semaines pour éviter le scénario catastrophe : que la grève des routiers qui doit débuter dimanche gâche les repas de Noël en raison d’une pénurie de denrées alimentaires dans les grandes surfaces. On n’en est pas encore là, mais en appelant mardi dernier les 500 000 salariés du secteur à bloquer les entrepôts de la grande distribution, l’intersyndicale fait ressurgir le spectre de l’automne 1997, où le pays fut paralysé par leur mouvement. Le compte à rebours a commencé mais les négociations sur des hausses de salaire sont au point mort. Le secrétaire d’Etat aux Transports veut donc accélérer les débats. En clôturant hier cinq jours de concertation avec chacun des acteurs, Dominique Bussereau a nommé trois médiateurs en leur donnant une mission: éviter à tout prix que les rayons des supermarchés soient vides la veille du réveillon. Un premier point d’étape est attendu pour mercredi.
Doit-on craindre la pénurie?
La dernière grève unitaire des routiers remonte à 1997. En novembre, leur arrêt de travail avait brutalement paralysé le pays. «Il avait fallu huit jours pour tout bloquer. Mais le pays peut être paralysé en trois jours ; c’est le temps d’une rotation pour un supermarché», explique Maxime Dumont de la CFDT Transports, premier syndicat du secteur. Néanmoins, il nuance très vite car, selon lui, tout le monde veut éviter de revivre pareille pagaille. «On veut causer le moins de désagrément possible. Nous aussi on veut manger de la dinde à Noël», sourit-il. Le porteparole de la FNTR, première organisation patronale, éloigne lui aussi cette perspective : «Je ne pense pas qu’on craigne une pénurie»,
estime Nicolas Paulissen.
Comment peut-on en arriver là?
Pour ce mouvement qui doit débuter dimanche à 21h30, l’inter syndicale n’appelle ni à des opérations escargot ni au barrage des routes. Les routiers veulent bloquer les dépôts de marchandises, y compris alimentaires. «Notre travail est de livrer la France. Comme on ne veut pas bloquer les routes ni les raffineries pour ne pas gêner la population, on va faire grève sur nos lieux de travail, dans les entrepôts», détaille Maxime Dumont. Voilà pourquoi se pose la question de l’approvisionnement des distributeurs.
Que réclament les syndicats?
«Nos revendications ne changeront pas car elles ne sont pas déconnectées de la réalité», prévient Maxime Dumont. L’inter syndicale réclame la création d’un 13e mois et entre 4 et 10% d’augmentation. Pour passer à 10€ brut de l’heure (contre 9,51€ aujourd’hui), les coefficients les plus élevés. Sans quoi, «dès janvier, quand le smic sera revalorisé, toute la grille sera en dessous du smic».
Que proposent les organisations patronales?
Jeudi, la FNTR a proposé pour 2010 des hausses de 2% pour les plus bas salaires et de 1,5% pour les hauts salaires. «Quelle branche est en capacité d’augmenter les salaires de 10% alors que l’inflation est de 0,4 %», se demande son porteparole, Nicolas Paulissen, rappelant qu’ils ont «déjà été augmentés de 4,1 % en 2008 et de 3,5 % en 2007». Cette proposition est jugée «honteuse» par l’intersyndicale. Pour aller au-delà, «et même si c’est très difficile», la FNTR en appelle au gouvernement. «Devant la pandémie fiscale que constituent la taxe poids lourds et la taxe carbone, nous demandons une exonération de la taxe carbone à hauteur de 75% et non 33% comme c’est prévu pour janvier», déclare Nicolas Paulissen