
C’est donc un long processus de pédagogie pour faire adhérer les Français qui s’est ouvert hier. Selon un sondage paru hier dans le Journal du dimanche (JDD) 82 % d’entre eux n’auraient pas l’intention d’y souscrire. Un manque d’enthousiasme qui se constate chez toutes les sensibilités politiques: les sympathisants de droite sont 70% à ne pas vouloir y prendre part; à gauche, le pourcentage monte à 87%. Ce scepticisme est aussi présent dans les rangs des cadres de la majorité. La semaine dernière, l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a appelé à «ne pas utiliser l’emprunt pour aller vers des puits sans fond».
Le rapporteur général de la Commission des finances, Gilles Carrez (UMP), a tenu à rappeler aux députés que la France emprunte déjà 250 milliards d’euros chaque année. «Je veux que mes collègues aient bien en tête les données générales de la dette avant de parler grand emprunt», a-t-il déclaré à la presse. Les trois mois de débat à venir auront pour but principal de renverser la vapeur. L’enjeu est de taille: au-delà de l’apport financier que représente cet emprunt d’Etat, le recours aux particuliers présente avant tout un intérêt politique. Impliquer les Français dans un tel programme est une manière de les rendre solidaires du gouvernement.
L’opposition serait ainsi dans la difficulté de l’attaquer sur ses choix, ce qui reviendrait à s’attaquer aux Français. A l’inverse, un échec lui ouvrirait un boulevard… à quelques mois des élections régionales.